retour Marie Thérèse SARRADE
Petite femme énergique, au regard incisif, espiègle et rieur, dotée d'une très vive sensibilité contrastant avec un humour volontiers caustique, MarieThérèse Sarrade est de celles que l'on n'oublie pas.
Aturine de vieille souche, elle est née un 21 juillet 1903, fille d'un décorateur et d'une portraitiste ; aussi est ce tout naturellement que ses dons S'épanouissent, aux Beaux-Arts de Bordeaux tout d'abord, puis dans l'atelier parisien du peintre Joseph Vital Lacaze, d'origine gersoise. Parallèlement, elle suit avec assiduité les cours de l'Ecole du Louvre.
Devenue professeur de dessin au Lycée Duruy à Paris, elle se consacre à une recherche artistique profondément originale, indifférente aux modes, marquée par un goût singulier pour les mathématiques appliquées et les traits d'architecture. Ses peintures, à la palette riche, aux couleurs sourdes, d'abord influencées par Georges Rouault, toujours très parfaitement construites, pensées et composées, reflètent cet attrait en même temps qu'une sensibilité de visionnaire.
Grande collectionneuse d'instruments de mesure anciens, passionnée par les lois de la composition géométrique dans l'art de la fin du Moyen-Age et de la Renaissance, Marie-Thérèse Sarrade est une exégète fascinée par le mystère des formes.
Eprise du traité de la divine proportion publié en 1509 par Luca Pacioli, ami de Vinci, elle consacrera une partie de sa retraite à traduire, avec G. Duchesne et M. Giraud, ce gros volume de 508 pages édité en 1980 à la librairie du Compagnonnage, où elle publiera également en 1986, peu de temps avant sa mort, un traité Sur les connaissances mathématiques des bâtisseurs de cathédrales.
Marie-Thérèse Sarrade a exposé à Paris, au Salon des Indépendants, Salon d'Automne, dArt Sacré, Salon populiste (où elle obtint un prix en 1962), et dans des galeries parisiennes telles que la galerie Lucie Krogh. Tous ceux qui l'ont connu vers la fin de sa vie ont été frappés par la forte personnalité, la gaieté et la vivacité d'esprit de cette vieille dame alerte, curieuse de tout, qui n'hésitait pas à emprunter une échelle pour aller voir de plus près un chapiteau roman de l'église du Mas d'Aire sur l'Adour, le mesurer, le toucher, en vérifier un point d'iconographie. Marie-Thérèse Sarrade a dispensé des dons généreux au trésor de la Cathédrale dAire et au musée de la chalosse de Montfort.
Elle s'est éteinte le 8 janvier 1987, à Mont de Marsan.