retour Valentine PENROSE
Valentine Penrose, née Boué, voit le jour à Mont de Marsan en 1898. Elle vit une enfance difficile, entre une mère dévote et un père absent, au sein d'une famille bourgeoise ébranlée par les querelles religieuses et les secousses de l'affaire Dreyfus. Heureusement, les vacances d'été à Cassaigne fournissent un exutoire à son amour de la vie : elle y côtoie cousins, cousines et petits-cousins. Les uns écrivent des romans, d'autres publient des poèmes, les plus jeunes suivent Valentine qui donne libre cours à sa fantaisie, mystifiant les grandes personnes, faisant échapper vaches et chevaux dans les prés. Dans leurs bagages, l'adolescente découvre les oeuvres, de Gauthier, Hérédia, Lou^ys, Catulle Mendes, peut-être des symbolistes. Devenue une belle jeune femme, Valentine rompt courageusement avec sa proche famille. On ne sait comment elle a traversé la guerre de 1914, mais une vocation de poète est née dans ce coeur pur, sensible et aventureux. En 1922, elle s'est liée d'amitié avec les poètes de Montparnasse. Elle rencontre alors le Londonien Roland Penrose, fils en révolte d'une mère puritaine et d'un père banquier, et l'épouse un an plus tard. Une petite pension allouée par la famille permet aux jeunes gens de subvenir à leurs besoins. Commencent dix folles années de voyages, de fêtes, d'illusions, de souffrances, aux côtés de Derain, Max Ernst, Dali, Man Ray, Eluard, Picasso, Tzara, Tanguy, Crevel et bien d'autres. Valentine, femme fragile et forte, fée surréaliste, voyagera tout au long de sa vie du réel à l'imaginaire, tout en s'impliquant résolument dans les turbulences et les tourments de son temps, sans jamais trahir sa vocation.
En 1926, Valentine publie 3 poèmes aux Cahiers du Sud. Après un voyage de plusieurs mois en Egypte et en Syrie avec Roland, elle fait la connaissance de Max et Marie-Berthe Ernst, avec qui se noue une longue amitié. En 1932 et 1933, après deux voyages en Inde, Roland tient, aux côtés de Marie-Berthe, un rôle dans l'Age d'Or de Bunuel, tandis que Valentine, en pleine création poétique, se détourne peu à peu d'une vie devenue trop mondaine à son goût. En 1934, elle publie Herbe à la lune, un recueil préfacé par son ami Paul Eluard. En 1935, elle repart seule en Inde, où elle séjourne plusieurs mois. Au grand dam de Valentine, qui méprise ouvertement le faste, Roland hérite de la fortune familiale et intensifie son activité de mécène, collectionneur et marchand. En 1936, Valentine publie Le nouveau Candide. En 1937, après une "mission de prospection" en Espagne, où s'enflamme la guerre civile, Valentine quitte Roland pour un nouveau voyage dans l'Himalaya, où elle a de solides amitiés. Alice Rahon-Paalen, peintre et poète française, qui a illustré le nouveau Candide, l'y rejoint. En 1931 Valentine publie Sorts de Lueur dans la collection "repères".
Survient la 2ième guerre mondiale et la courageuse Valentine, après un séjour difficile dans Londres bombardé, s'engage comme infirmière dans l'armée de libération et débarque en Algérie, où elle retrouve son frère Gilbert, colonel dans l'armée française. A la libération, elle publie un recueil de poèmes et collages, Dons des féminines. En 1947, Roland et Valentine ont divorcé, et Roland épouse Lee Miller, photographe, dont il aura un fils, Anthony.
En 1950, Valentine publie Martha's Opéra, un poème en forme de dialogue, dont la toile de fond est un château extraordinaire, peut-être une réminiscence des châteaux du Gers. En 1962, elle publie au Mercure de France un roman fantastique, la Comtesse sanglante, inspiré de l'histoire vraie et légendaire d'une comtesse qui sacrifiait des jeunes filles dans un sombre château des Carpathes. Gallimard publie aujourd'hui ce roman dans sa collection "l'imaginaire".
Valentine est morte en 1978. Ses cendres ont été répandues par ses proches sous un chêne Anthony Penrose, qu'elle aimait tendrement, affirme qu'à cette endroit, chaque année, la terre se couvre de cyclamens sauvages. . .