retour Fernand LUBET-BARBON
Sous ce nom, bien connu des montois, se cache un landais des plus éminents : un être d'une rare intelligence, assortie de grandes qualités humaines, et d'une palette de dons étonnamment variés. Chercheur, enseignant, naturaliste, habile chirurgien, humaniste, érudit, philanthrope, ami des arts, Lubet-Barbon est sans conteste un surdoué, dont la démarche originale et les brillantes initiatives ont ouvert des voies nouvelles à la médecine.
Né le 13 Mars 1857 à Hagetmau, au sein d'une vieille famille d'avocats et de médecins, il fait ses études secondaires à St Sever, puis à Mont de Marsan, où il est remarqué par le proviseur de son lycée, qui lui conservera la plus vive affection. Car Fernand Lubet-Barbon est un de ces grands esprits, voués à la connaissance, que l'on croise rarement sur son chemin.
D'une culture très étendue et d'une grande puissance de travail, il a des notions en botanique, pisciculture, horticulture, cryptogamie, etc .. Lauréat de la faculté de Bordeaux, où il reste deux ans, il est reçu interne à Paris, où il est sensible à l'insuffisance de la place accordée, dans les services hospitaliers, au traitement des maladies du nez, de la gorge et des oreilles. Cette lacune devenue pour lui un sujet de préoccupation, il se passionne pour les maladies du système ORL : sa thèse de doctorat, intitulée Paralysie du larynx, est un ouvrage brillant qui sera couronné par la Faculté.
Désireux de compléter son instruction dans le domaine des affections de la sphère ORL, il étudie à Vienne, à Berlin, à Iéna, partout où des services sont consacrés à ces maladies : une fois muni d'un bagage suffisant, il entreprend, avec son ami le docteur Martin, de combler le manque qu'il a observé. C'est ainsi qu'il ouvre, à Paris, la première clinique gratuite, où viennent S'instruire à leur tour de nombreux élèves "des deux mondes", notamment canadiens et américains du Sud. Le docteur parle couramment espagnol, italien, allemand et anglais ; le charme et la clarté de ses enseignements, joints à sa remarquable dextérité opératoire, ont tôt fait de conférer à sa clinique une renommée internationale. Sa parole fait autorité dans les divers congrès scientifiques auxquels il collabore ; souverains dEurope, magnats de la finance, hommes politiques, vedettes se pressent à la porte. Mais cette clientèle flatteuse ne lui fait pas oublier celle, plus humble, des petits employés, des ouvriers, des indigents, qu'il reçoit à sa clinique trois fois par semaine et soigne avec dévouement.
En Août 1914, à 57 ans, dispensé de toute obligation militaire, il rentre à Paris et se met à la disposition du Service de Santé ; là on l'occupe, pendant les premiers mois, à une besogne d'infirmier, à laquelle il se consacre sans murmurer ; un inspecteur général le reconnaît, il le trouve occupé à soutenir la jambe d'un patient, auquel un chirurgien fait un pansement : quelques jours après, un service d'oto-rhino-laryngologie voit le jour à l'hôpital Chaptal. Il est confié au docteur Lubet-Barbon, auquel Clémenceau demande en outre d'organiser, avec le docteur Moure, des services ORL sur tout le front.
Commandeur de la légion d'honneur, le docteur Lubet-Barbon a rédigé de nombreux rapports et ouvrages de médecine, ainsi que des mémoires et des communications parues dans des revues spécialisés Grand homme aux goûts simples, il n'a jamais oublié son pays gascon, ni le parler du terroir landais, dont il connaissait toutes les nuances, et qu'il aimait faire chanter, lorsqu'il rencontrait, avec bonheur, l'un de ses "compatriotes".